Pour des raisons souvent budgétaires, les directeurs de cirque n’engagent plus guère de trios clownesques. Cet ensemble où un clown blanc affronte deux augustes fut illustré par les Fratellini, les Rudi-Llata ou Pipo, Dario et Mimille qui illuminèrent les Pistes aux Étoiles de notre enfance. Avec ces trois jeunes Russes, voici que cette formule connaît une éclatante renaissance : Artem Babinov, le plus grand, tient le rôle du clown, Konstantin Kopeikin joue le contre-pitre et le turbulent blondinet Maxim Karpov complète le trio. C’est Maxim qui réussit à convaincre ses amis de constituer un numéro de clowns en allant étudier à l’Institut du Théâtre d’État d’Ekaterinbourg où ils furent diplômés en 2012. Ils furent engagés ensuite au Cirque Nikouline, qui porte le nom du plus grand clown russe et célèbre la pantomime comique.
Leur répertoire évoque le théâtre forain Balagan, forme russe de la commedia dell’arte. Ils disent s’inspirer de Molière tel qu’il était dans sa pièce Le Malade Imaginaire, mais on peut aussi évoquer les Marx Brothers lorsqu’ils provoquent les fou-rires avec leurs gags décalés. Nul doute que leur formation théâtrale leur a donné ce qu’il fallait de technique pour que s’exprime leur vis comica. Plus tard, ils ont travaillé leurs entrées avec le clown Mak (Andrei Sharnin) du duo Mik et Mak qu’on a applaudi au Cirque Medrano de Raoul Gibault en 1995/1996.
Ils ont fait connaissance avec le public français l’an passé au Festival de Saint–Paul-lès-Dax où ils ont triomphé et ils viennent de s’illustrer dans Mandana, le tout nouveau spectacle du grand cirque allemand Krone. En janvier 2019, le public du Festival de Monte-Carlo n’a pas résisté à leurs facéties et, il faut le souligner, à leurs talents de musiciens. Ils ont obtenu un Clown de bronze.
L’avenir de l’art clownesque est porteur de belles promesses !
Christian HAMEL: Président du Club du Cirque.